Savez-vous qu’il existe une corrélation entre les concepts
de spiritualité, de réincarnation, et le jeu de rôle ?
À travers cette réflexion toute personnelle, laissez-moi tenter de vous montrer
comment chaque personnage incarné dans un jeu de rôle peut être perçu
comme une incarnation, certes temporaire, mais reflétant néanmoins un cheminement
similaire à celui de l’âme dans sa quête d’évolution spirituelle.
Cette perspective vous invitera peut-être à une introspection
sur la nature de l’existence et la manière dont le jeu de rôle
peut hypothétiquement devenir (uniquement pour un individu adulte
ayant déjà fait l’expérience de sa propre vie) un outil de croissance personnelle et spirituelle.
Petite mise en garde
Lis cet article
Si la spiritualité est un concept qui t'es familier et/ou que tu commences à entrevoir.
Sois heureux
Les articles qui vont suivre continueront de flirter avec ce concept.
Tu peux lire cet article
Si la spiritualité éveille ta curiosité, mais tu n'y es pas obligé.
Si le sujet t'intéresse
Libre à toi de renforcer tes connaissances en la matière.
Ne lis pas cet article
Si la spiritualité est pour toi un ramassi de con...ies sur le développement personnel.
Ton temps est précieux
Réserve le à des sujets qui sont en adéquation avec ton mode de vie.
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En préambule
Si vous avez le temps, je vous conseille ardemment de visionner cette conférence en ligne organisée à l’occasion du Rôl’Event du mois de novembre 2021, et qui aborde justement le sujet très clivant de la corrélation qui existe, pour certains MJ et joueurs, entre la Spiritualité et le JDR. Je rajoute ce chapitre en préambule à cet article suite à son partage sur plusieurs groupes Facebook de JDR. J’ai en effet eu l’excellente surprise de faire la connaissance d’une modératrice d’un groupe Facebook de Jeu de rôle qui m’a fait découvrir que d’autres que moi s’étaient déjà regroupés pour discuter de ce sujet.
Merci à toi, Diane, et bon visionnage à tous !
La spiritualité et le concept de réincarnation
Quand on s’intéresse à la spiritualité, on découvre qu’il s’agit d’une quête personnelle visant à répondre aux questions fondamentales de l’existence :
— Qui sommes-nous ?
— D’où venons-nous ?
— Où allons-nous ?
D’autre part, le concept de réincarnation (si tant est que ce phénomène existe) occupe une place centrale dans plusieurs des traditions spirituelles majeures, telles que l’hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme, et certaines écoles de pensée ésotérique occidentale. Dans toutes ces traditions, la réincarnation est perçue comme un processus grâce auquel l’âme, issue de la Source (entité divine ou un champ de conscience universel) choisit de traverser une multitude de vies terrestres dans une quête incessante d’expérimentation, d’évolution, voire de purification.
La Source, dans ce contexte, est généralement décrite comme étant à l’origine de toute vie, une énergie ou une conscience primordiale à partir de laquelle chaque âme est émanée. Ainsi, en se détachant de cette Source pour expérimenter la vie dans le monde matériel, l’âme entame un long voyage de retour vers cette même Source, un périple jalonné de confrontations, d’épreuves, de stagnations, de leçons, d’abnégations et de transformations.
Chaque incarnation est donc un choix conscient et une opportunité unique pour l’âme d’apprendre et de comprendre des aspects particuliers de l’existence. Les leçons ou apprentissages peuvent être variés : compassion, dépassement de la peur, compréhension du pouvoir de l’amour, intégration de la sagesse acquise à travers les expériences passées, etc. Faire le mal fait également partie de l’expérience. L’évolution de l’âme est, de ce fait, un processus long, très long, dynamique et interactif, où chaque existence contribue à l’acquisition de nouvelles compétences spirituelles, à la purification du karma, et à la progression vers un état de conscience supérieur.
L’interconnexion de toutes ces existences est également une idée fondamentale de toutes ces traditions. Chaque vie n’est donc pas isolée, mais intrinsèquement liée à toutes les autres vies passées et futures de l’âme. Les actions, pensées, et choix effectués dans une vie ont des répercussions dans les vies suivantes, mais aussi dans les existences précédentes. En effet, la notion même du Temps n’existe plus, créant de facto un réseau complexe de causes et d’effets connu sous le nom de Karma / Univers / Dieu. Ainsi, cette interconnexion met en exergue le fait que chaque âme (dans sa quête d’émancipation et de libération) n’évolue pas seulement pour elle-même, mais contribue également à l’élévation collective de toutes les âmes. En s’élevant spirituellement, elle influence inévitablement de manière positive son environnement et les autres êtres avec lesquels elle est en interaction, participant ainsi à l’élévation énergétique et vibratoire de l’ensemble de la conscience collective.
Le jeu de rôle comme outil d'expérimentation personnelle
Lorsqu’on pratique le jeu de rôle (JDR) depuis au moins une dizaine d’années, que ce soit comme meneur de jeu ou joueur, il arrive parfois que l’on réfléchisse à tête reposée sur les raisons qui nous ont conduit à privilégier tel ou tel thème dans les scénarios que l’on a écrits, ou à créer et développer tel ou tel type de profil psychologique dans les personnages que l’on a interprétés. Et si on pousse la réflexion un peu plus loin, on peut alors envisager le JDR comme une plateforme d’exploration personnelle de sa manière d’être et de réagir face aux situations conflictuelles. Ainsi, lorsqu’un joueur crée et interprète un personnage, il ne fait pas qu’inventer un background ou un alter ego, il fait littéralement l’expérience d’une introspection où les aspects de sa propre personnalité sont projetés sur la scène imaginaire du JDR considéré. Dès lors, d’un point de vue purement symbolique ou métaphorique, les personnages interprétés reflètent nos désirs, nos craintes, ainsi que nos questionnements existentiels, voire nos aspirations les plus prégnantes.
Les univers dans lesquels ces histoires prennent vie sont extraordinairement diversifiés. Si vous m’autorisez quelques références cinématographiques et télévisuelles, un joueur peut se retrouver dans un monde médiéval fantastique peuplé de dragons et de sorciers, tel que celui de “Game of Thrones” (2011); ou alors dans une dystopie futuriste où l’humanité lutte pour sa survie, comme dans “Blade Runner” (1982). Il pourrait également explorer une réalité alternative post-apocalyptique, à l’image de “Mad Max” (1979), ou encore se perdre dans les méandres du temps et du rêve en traversant des époques entières comme dans “Inception” (2010). Chaque univers propose donc un cadre unique et spécifique, parfaitement codifié, où chaque personnage devient un vecteur destiné à explorer de multiples réalités.
En créant une fiche de personnage, le joueur, sans forcément en en étant conscient, prend des décisions qui déterminent non seulement les capacités et les compétences de son personnage, mais aussi sa personnalité, ses motivations, et ses failles. Ces éléments, bien que fictifs, sont souvent le reflet des vérités intérieures du joueur. Faire l’expérience du JDR pousse ses participants à vivre des situations totalement inédites, à se confronter à des dilemmes moraux, à interagir avec d’autres personnages — qu’ils soient contrôlés par d’autres joueurs ou par un meneur de jeu.
Un exemple flagrant de cette corrélation entre réalité et fiction est illustré dans le film “Passé Virtuel“ (1999) de Josef Rusnak. Le protagoniste de l’histoire découvre que sa propre réalité (implantée dans les années 1990) n’est qu’une simulation informatique, alors qu’il est lui-même en train de créer un univers virtuel se déroulant dans les années 1930. Cette mise en abîme reflète parfaitement le concept développé dans les déclinaisons du JdR “Make Me Your Alter Ego”, où le jeu peut être considéré comme une exploration d’identités multiples et de réalités alternatives. À travers ces interactions et ces découvertes, les joueurs ne se contentent plus de vivre une aventure : ils expérimentent des leçons de vie qui, souvent sans qu’ils en aient pleinement conscience, les font évoluer intérieurement.
Corrélation entre réincarnation et jeu de rôle
La corrélation que je propose entre le processus de réincarnation et le fait de participer sur le long terme à des JDR est plus qu’une simple analogie ou une réciprocité métaphorique (comme je me plais à la définir). Elle révèle une structure sous-jacente commune à l’expérience humaine. De mon point de vue, les deux concepts reposent sur une idée fondamentale : l’existence est une série d’expériences successives à travers lesquelles l’individu — qu’il soit une âme en quête d’élévation ou un joueur en quête d’aventure — cherche à évoluer, à se connaître, et à se réaliser.
Dans la réincarnation, l’âme est sensée traverser de nombreuses vies, chaque existences apportant son lot de défis, d’apprentissages, et de transformations. De la même manière, dans le JDR, le joueur interprète successivement plusieurs personnages, chacun offrant une nouvelle perspective, une nouvelle manière d’aborder les événements qu’il devra appréhender. Ce qu’il est amusant de constater également, c’est que le processus est cyclique : tout comme l’âme revient à la vie par l’intermédiaire d’une nouvelle incarnation, le joueur revient à chaque nouvelle session de jeu en interprétant un nouveau personnage, prêt à explorer un autre aspect de la réalité. Et tout comme le concept du Temps n’existe pas en spiritualité, le joueur peut interpréter concomitamment différents personnages dans différents univers de jeu “en même temps”.
De mon point de vue, cette structure cyclique met en lumière un aspect crucial de l’existence : chaque vie, chaque rôle, chaque personnage est une étape nécessaire sur le chemin de la croissance et de la réalisation de soi. Dans un cadre spirituel, cette réalisation se manifeste par l’atteinte d’un état supérieur de conscience, voire la libération du cycle des réincarnations. Dans le jeu de rôle, cette réalisation peut se traduire par une compréhension plus profonde de soi-même, la maîtrise de compétences narratives, le développement d’une conscience accrue des dynamiques humaines, etc.
La corrélation entre ces deux domaines peut être renforcée par une argumentation qui explore le concept du Karma, non seulement comme un mécanisme de cause à effet spirituel, mais aussi comme une dynamique interne au jeu. Dans le JDR, les actions d’un personnage ont des conséquences directes sur le déroulement de l’histoire et sur les interactions avec les autres personnages. De même, dans la spiritualité, le Karma régit les conséquences des actions passées, influençant la qualité des expériences futures… et réciproquement. Ainsi, à travers le JDR, le joueur peut expérimenter une version condensée et symbolique de la réincarnation, où chaque choix, chaque action, porte en elle le germe de la leçon à venir.
L'impact du JDR sur la conscience spirituelle
Pour un adulte jouissant d’un minimum de connaissances générales et percevant les enjeux de notre civilisation (bien évidemment je ne parle pas d’un point de vue dogmatique néolibéral et/ou capitaliste), le JDR dépasse largement le cadre du simple divertissement. Il devient un moyen de se confronter à des questions existentielles profondes et d’explorer des dimensions de l’être qui, autrement, resteraient peut-être inaccessibles. Aussi, à travers les aventures vécues par ses personnages, le joueur est inévitablement amené à réfléchir sur ces questions fondamentales :
— Qui suis-je réellement ?
— Quels sont mes objectifs ?
— Quelles sont les conséquences de mes choix ?
Prenons le cas d’un personnage confronté à un dilemme moral : doit-il trahir un allié pour sauver sa propre vie, ou tout risquer pour rester fidèle à ses principes et idéaux ? Ce genre de situation ne peut que pousser le joueur à réfléchir, non seulement sur la meilleure stratégie à adopter dans le jeu et dans le scénario, mais aussi vis-à-vis des valeurs qu’il souhaite incarner, tant dans le jeu que dans la vie réelle. Cette réflexion peut s’étendre à des concepts spirituels plus larges, où chaque action, pensée ou intention crée une onde de répercussions qui influence non seulement le destin du personnage, mais aussi celui de tous les autres participants du jeu.
Le Karma / l’Univers / Dieu, dans ce contexte, peut être envisagé comme une force invisible qui guide le déroulement des événements en fonction des actions passées. Si un personnage agit de manière égoïste ou malveillante, il pourrait se retrouver confronté à des conséquences négatives, tant dans l’immédiat que sur le long terme. À l’inverse, des actions altruistes ou courageuses peuvent renforcer l’image du personnage à ses propres yeux et améliorer, ou non, sa situation dans le jeu. Mais comment le découvrir si ce n’est en expérimentant ces différentes alternatives ? Ces dynamiques, bien que totalement fictives, sont en tous points similaires avec les croyances spirituelles concernant son ouverture au monde. En participant à un scénario de JDR, le joueur expérimente de ce fait une version symbolique du processus karmique, où chaque décision peut avoir des répercussions profondes et durables.
Enfin, le JDR peut également offrir une opportunité d’explorer la quête de vérité. Dans de nombreux univers, les personnages sont confrontés à des mystères qu’ils doivent résoudre, des secrets et des complots qu’ils doivent mettre à jour. Ce processus d’investigation et de découverte symbolise à merveille la quête spirituelle de l’âme, qui cherche à percer les illusions de la réalité pour atteindre une compréhension plus profonde et plus vraie de l’existence. Chaque révélation, chaque moment d’illumination dans le jeu devient, pour le coup, une métaphore de l’éveil spirituel dans la vie réelle.
Conclusion : une invitation à l'introspection
La corrélation que j’établis entre la spiritualité et le JDR ne se limite pas à une simple coïncidence. Pour celles et ceux qui l’envisagent ainsi, elle représente une invitation à explorer les dimensions introspectives de la vie et de l’identité. Ainsi, à travers le jeu, chaque individu a la possibilité d’expérimenter, à une échelle réduite, ce que signifie être une âme en quête d’évolution. Le jeu devient alors une sorte de laboratoire ou de bac à sable, où le joueur expérimente, où chaque personnage interprété peut être considéré comme une incarnation, où chaque quête est une étape vers sa réalisation.
L’évolution spirituelle, dans ce contexte, peut être assimilé à un processus de mues successives et d’expansion de la conscience. À mesure que l’âme, ou le joueur, progresse à travers les vies de ses personnages, il ou elle acquiert une compréhension plus fine de la nature de la réalité et de son propre rôle dans le Grand Jeu Cosmique. Les âmes en quête d’évolution sont celles qui s’efforcent incessamment de dépasser leurs croyances limitantes, d’apprendre de leurs peurs et de leurs erreurs, et de s’élever au-dessus des forces de l’ignorance et de l’illusion. À l’inverse, une âme en stagnation est celle qui, pour une raison ou une autre, refuse de grandir, de changer, ou d’apprendre, répétant les mêmes réflexes comportementaux, vie après vie, ou de JDR en JDR.
En explorant ces concepts à travers le JDR, notamment avec Make Me Your Alter Ego, les joueurs sont hypothétiquement invités à réfléchir sur leurs propres vies, sur les choix qu’ils font, et sur les leçons qu’ils en tirent. Le jeu devient alors une réflexion microcosmique du macrocosme spirituel, un espace où les questions de l’âme peuvent être posées, explorées, et peut-être même, partiellement, résolues. En définitive, et vous l’aurez compris, le JDR n’est pas seulement pour moi un excellent moyen de divertissement, c’est aussi un outil d’introspection et de croissance individuelle (sur le très long terme), un miroir dans lequel je m’observe évoluer.
Libre à vous d’en ressentir ou d’en entendre les enseignements.
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Car même si tu aurais bien voulu… mais que tu ne peux pas faire grand chose pour m’aider, bin c’est déjà pas si mal.
Les ondes positives, c’est toujours bon à prendre.
Merci à toi (c’est sincère).
Article intéressant, merci pour ce travail.
Étant devenu un matérialiste philosophique, la spiritualité ne m’intéresse plus vraiment. Connecter la psychologie (pas la même chose que la psyché) et le jdr semble une idée à développer. Pas un développement personnel, puisqu’il se pratique en groupe, mais, oui, une aide et une motivation grégaire.
Cet article n’insiste pas assez sur l’évolution morale et perceptive, l’ouverture d’esprit que peut apporter le jdr bien fait, mon centime.
Bonne continuation, et merci pour ce cadeau d’anniversaire (article partagé le 26 aout).
Merci beaucoup MarsXyclos13 … super pseudo au passage, on dirait le nom d’un composé chimique :o)
Il y aurait beaucoup à dire concernant le jeu de rôle et les différents domaines que sont la philosophie, la spiritualité, voire même l’ésotérisme.
Mon point de vue était ici simplement d’établir un parallèle entre les deux concepts. Bien que la spiritualité soit pour moi un sujet qui d’un point de vue intellectuel retient toute mon attention, je ne cherchais à convaincre personne de l’existence réelle des différents concepts que j’y ai abordés, mais juste faire la comparaison entre le fait de (hypothétiquement) se réincarner, et celui d’interpréter différents rôles dans différents univers dans les jeux de rôles.
Je suis donc parfaitement conscient que ce que j’ai écris ne peux en aucun cas résonner de la même manière pour tout le monde. Je m’en suis d’ailleurs rendu compte lorsque j’ai partagé cet article dans les groupes Facebook dédiés au jeu de rôle.
Quoi qu’il en soit, je te remercie pour ton commentaire qui m’a fait très plaisir !